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Portraits d'Acteurs
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24 avril 2007

Conclusion

 

 Il est très difficile de comprendre quels ont été les rapports des spectateurs de l’époque avec le visage de ces acteurs qui les transportaient et qu’ils ont appelés « monstres ». Toute cette recherche étant basée sur des témoignages, ceci n’est en somme que des suppositions, une réflexion sur l’acteur et les différents rapports au visage que sa présence engendre.

 S’il existe de nombreux témoignages concernant le visage des « monstres sacrés » -ou devrais-je dire « les visages », il est certain que sur scène le visage n’a pas le même impact pour celui qui le regarde que sur une photographie. Avec cette dernière, le visage est approprié par l’autre, il est presque devenu objet, un objet d’admiration ou de désir, medium du rapport de soi à l’autre et par là du rapport à soi-même.

  Il semble cependant que la clé de toute cette dialectique du visage soit le rapport de l’homme à la mort, le conflit qui s’exerce entre ces acteurs et la condition de la vie humaine. En recréant la vie, ils s’échappent de la condition humaine et rejoignent le monstrueux. En se créant de multiples visages, ils abandonnent leur « moi » pour aller à la rencontre de l’autre.

 Quel médium eût pu mieux représenter cette lutte à mort contre eux-mêmes qui faisait le drame de ces êtres dont la seule idée était de nier le temps ? Je voudrais citer cet extrait d’un poème de Rossetti, un artiste symboliste, dont on trouve la trace dans l’histoire de Marcel Proust puisqu’il fut écrit par un de ses amis au dos d’une photographie qu’il lui donna en souvenir. Cet extrait, je l’ai retrouvé dans le catalogue de la BNF intitulé Portrait(s) de Sarah Bernhardt, page 175. Il s’agit de Léon Daudet, évoquant Sarah Bernhardt à sa mort dans un article paru dans L’Action française, le 28 mars 1923 (le poème de Rossetti, ce sont les deux dernières phrases) :

« Chère, grande et bonne Sarah Bernhardt !

Ici repose le mirage de nos illusions. Ô Rossetti !...

Regarde mon visage ! Mon nom est : j’aurais pu être.

Et l’on m’appelle aussi : jamais plus, trop tard, adieu. »

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